« Si on ne peut pas réaliser un projet, on peaufine, on réécrit, on réinvente des choses. »
Entretien avec Tahani Belkhir, Alice Couturier et Maxime Lavieville
du Pôle d’action culturelle du fil
Depuis son ouverture en 2008, Le fil regorge de projets pédagogiques, collaborant chaque année avec des publics variés, des dizaines d’artistes associé·e·s et de nombreuses structures. La salle pour l’instant fermée aux publics, les trois salarié·e·s du Pôle d’action culturelle continuent, malgré les difficultés, à mener leur barque avec brio, muni·e·s d’une volonté indéfectible de transmettre et partager.
La crise sanitaire a exigé une adaptation radicale ; comme l’explique Maxime Lavieville, coordinateur pédagogique, « avant le COVID, les trois quarts de nos actions se passaient au fil. Ça scratche ?, Looping, conférences, ateliers de découverte musicale, concerts scolaires, parcours d’artistes… Il a fallu qu’on reprenne chaque projet pour les imaginer à l’extérieur ». Désormais, le Pôle d’action culturelle intervient dans les collèges, lycées et les écoles primaires, parfois au conservatoire comme dans le cadre de Looping, la formation pour les jeunes de 11 à 14 ans de composition musicale à l’aide d’outils numériques. Une extension du projet est prévue à partir de mai en partenariat avec le Château du Rozier, et en septembre, ouvrira une deuxième classe pour des élèves de 14 à 18 ans. Par ailleurs, et toujours dans l’esprit de partager et faire découvrir, des vidéos interactives ont été réalisées au fil sur le modèle de l’émission C’est pas sorcier.
Transposer les projets à l’extérieur n’est cependant pas toujours envisageable, notamment pour Baratin, le concours d’éloquence, dont les participant·e·s ont préféré repousser la finale pour la vivre dans les conditions initiales : devant un public et sur la grande scène du fil. « C’est pour l’instant en stand-by, nous apprend Tahani Belkhir, responsable des publics et chargée d’action culturelle. On continue à se voir une fois par mois, soit en visio soit en extérieur, on maintient le lien ». Même différée, l’initiative a de beaux jours devant elle : une troisième édition est prévue pour septembre, ainsi qu’un enregistrement au Musée d’art moderne et, poursuit Tahani : « On a été sollicités par le festival Arcomik pour monter une autre version avec un public de demandeurs d’emploi. »
Si, comme le rappelle Maxime Lavieville, « les projets se déclinent », c’est aussi l’occasion d’innover comme le prouve Remue-Ménage, récemment lancé par Alice Couturier, coresponsable de l’action culturelle. Le défi ? Huit personnes en visio devant composer un morceau ensemble ! « On a créé un groupe très hétérogène au niveau culturel pour que chacun vienne avec ses propres goûts musicaux et qu’il apprenne des choses aux autres, explique-t-elle. Il y a des étudiants, des bénévoles du fil, des jeunes de l’ANEF, qui est entre autres un centre qui accompagne les mineurs isolés. » Le groupe est accompagné par Pierrick Monnereau, compositeur et Dan, rappeur, professionnels de la musique. Alice Couturier précise : « Remue-Ménage a été monté en circonstance, pour répondre au fait qu’on ne puisse pas accueillir de public au fil et que certaines personnes restent isolées à cause du couvre-feu ou du confinement. » Le rendu audio sera disponible d’ici quelques semaines sur les réseaux du fil et la réalisation d’un clip est envisagée. « D’autres éditions suivront, il y a déjà des pré-inscrits. Avoir des contraintes, ça rend créatif, conclut Alice Couturier, et on a pas mal d’idées ! »
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Luna Baruta