Malgré l’urgence et le bon sens, les mesures écologiques peinent à s’imposer comme exigence de base dans la plupart des secteurs, et le domaine de la culture n’y échappe pas. Le ministère de la Culture ayant alloué pour 2022 un budget quasiment inexistant sur ces questions, des acteur·rice·s culturel·le·s, comme c’est le cas au sein du fil, prennent les devants, s’interrogent et agissent, afin d’accueillir les problématiques écologiques au sein de la multiplicité des professions.
La directrice du fil, Ludivine Ducrot, explique se positionner avec pragmatisme et stabiliser d’une part les actions déjà mises en œuvre. Des décisions fortes ces dernières années – le passage en système LED dans la grande salle, l’extinction des lumières hors exploitation, ou la modération du chauffage et de la climatisation… – limitent la consommation de la salle afin de devenir moins énergivore, « des questions sur lesquelles, précise-t-elle, le directeur technique et l’ensemble de l’équipe sont très conscients ». Concernant l’alimentation, le fil a toujours opté pour un catering où tous les plats confectionnés sur place permettent la réutilisation du surplus éventuel et limitent la perte, essayant au maximum de s’approvisionner chez des producteurs locaux malgré les difficultés liées aux quantités, et visant à évoluer vers des régimes végétariens. Un compost et des bacs de tri sont systématiquement utilisés pour la gestion des déchets, aussi bien au niveau interne que lors des concerts. Du côté des publics, le bar travaille main dans la main en circuit court avec les deux brasseries artisanales La Brasserie Stéphanoise et La Part des Autres (qui a élaboré tout spécialement la succulente Bière du Fil), et projette également de basculer le snack vers du tout-local.
Car, comme le rappelle Ludivine Ducrot, « il faut qu’on s’améliore », et c’est dans cette optique qu’a été créé un groupe de travail sur la sobriété énergétique, rassemblant tou·te·s les salarié·e·s du fil, chacun·e étant force de proposition. Des actions sont aussi menées en direction des publics, en établissant un plan de situation de la salle, concernant notamment les transports en commun – la majorité des publics se rendant aux concerts en voiture. Dans ce même sens, le dialogue entre salles et boîtes de production s’avère incontournable afin de remettre en question les conditions de transports des artistes et du matériel, que ce soit au niveau de l’avion ou des tourbus.
Travailler ensemble sur l’écoresponsabilité avec les acteur·trice·s culturel·le·s aussi bien à l’échelle régionale que nationale, et mettre en commun les connaissances et les décisions au sein des différentes salles, comme l’orchestre actuellement la Fédération des Lieux de Musiques Actuelles (FEDELIMA), ou de manière plus transversale comme le propose l’association Shift Project et son rapport Décarbonons la culture, présenté fin 2021 et accessible sur Internet. Envisager conjointement des solutions à adapter selon les secteurs pour développer d’autres modèles, afin que la culture s’empare de la transition écologique à partir de ses propres outils et sa propre dynamique, agissant aussi bien sur les imaginaires que sur le réel.
Luna Baruta