Promouvoir la diversité et le local
Aussi bien au niveau de la programmation que de l’action culturelle ou de l’accompagnement, une SMAC a pour mission de promouvoir la diversité des styles musicaux, tout en tenant compte des spécificités culturelles locales ; on pourrait ainsi définir telle salle « plus chanson », telle autre « plus pop ». Historiquement, de nombreuses SMAC se sont construites sur le rock et le pop-rock, délaissant pendant des années d’autres styles, pourtant très écoutés et demandés. Dans cette catégorie, on pense évidemment à la musique électronique mais surtout au rap, qui peinent depuis toujours à se légitimer dans les institutions et acquérir un statut qui ne soit pas hiérarchiquement inférieur. Contre toute attente, ces esthétiques sont bien présentes au fil, où se sont multipliés et se multiplient toujours les projets de rap et de musiques électroniques.
C’est complet !
Au niveau de la programmation, ce sont les concerts les plus programmés et fréquentés et on ne peut que saluer le succès des dates organisées sur ces deux styles, affichant souvent Complet. Mais aussi, et c’est ce qui constitue pour beaucoup l’identité d’une SMAC, les coulisses du fil regorgent de projets aussi bien rap qu’électro, notamment sur l’action culturelle. Responsable de ce pôle, Maxime Lavieville cite les initiatives menées conjointement avec Tahani Belkhir, chargée de médiation. Que ce soit Les Petites Oreilles (dispositif existant depuis les débuts du fil à destination d’élèves de CM1 et CM2, soit des ateliers d’écriture et de musique électro et rap menés dans les écoles débouchant à deux présentations – une scolaire, une publique, cette année le 16 mai), Les Grandes Oreilles (de janvier à juin, des ateliers de création rap et beatmaking dans une dizaine d’établissements de toute la Loire, pour un concert au fil le 12 juin), Looping (formations de trois ans proposées par le fil, alliant création musicale, composition et numérique, pour un public de 11 à 18 ans), ou d’autres projets d’écriture, notamment en milieu hospitalier auprès d’adolescent·e·s, ou en partenariat avec l’AGASEF, le rap et le musique électronique sont au cœur des projets. Maxime Lavieville explique la « visée pédagogique de ces esthétiques de prédilection » : pour le rap, « le dénominateur commun est l’écriture avec le travail de la langue et offre une transversalité avec les enseignant·e·s » ou les artistes associé·e·s, et pour cet outil, comme pour l’électronique, « on entre directement dans la création ».
Du côté des studios, le fil comme une caisse de résonance
Un accès à la création qu’on retrouve également du côté des studios du fil, dans lesquels Grégory Aliot, responsable de l’accompagnement, « essaye d’être le plus large possible ». « Le fil, décrit-il, est une caisse de résonance. Les artistes et le public rap existent à Saint-Étienne, on se doit de les diffuser, de leur donner de la visibilité. » Ainsi, sur les treize groupes accompagnés cette année par le fil, sept sont de formations rap. Grégory poursuit : « Il s’agit de créer du lien, de toujours travailler avec le local. » Outre les dispositifs d’accompagnement, les studios sont ouverts à des musicien·ne·s pour des répétitions, où les liens se tissent, les réseaux se créent.
La diversité des esthétiques mises en avant par le fil constitue son ADN, sa volonté d’embrasser la multitude et de la défendre.
Luna Baruta