A l’occasion de sa venue au Conservatoire Massenet de Saint-Etienne pour une captation inédite, rencontre avec l’inclassable Kyrie Kristmanson.
Qui es-tu ?
Je m’appelle Kyrie Kristmanson, je suis canadienne, chanteuse, compositrice et interprète, et je joue de la pop folk électro médiévale. J’ai commencé à composer des chansons très tôt, presque en même temps que j’ai commencé à parler. Mes parents m’ont raconté que je composais des petites chansonnettes pour réconforter mes amis. La raison pour laquelle je fais de la musique n’a pas beaucoup changé : réconforter, aider à aller mieux, aider à donner du sens aux expériences émotionnelles qu’on traverse.
Quelles sont tes influences ?
J’ai toujours été très émue par les compositrices qui arrivent à trouver une voie et une voix authentiques, qui ont créé un chemin à leur image. Les trobaïritz, mais aussi Joni Mitchell, Barbara, Kate Bush, PJ Harvey, toutes ces femmes qui ont un univers qui leur appartient, qui présentent le jardin de leur âme.
Qu’est-ce qui t’a poussée à écrire un mémoire sur les trobaïritz, ces femmes troubadours du 12ème et 13ème siècle ?
Je voulais comprendre la genèse de cette tradition à laquelle j’appartiens, la tradition des chansonnières. Quand j’ai entendu la seule mélodie qui a survécu des trobaïritz, celle de la Comtesse de Die, ça m’a extrêmement marquée par la beauté. C’est la première fois qu’on entend la voix des femmes et elles s’expriment d’une façon différente que les hommes, avec un style et une rhétorique qui ne s’inscrivent pas dans l’amour courtois très codifié. Il y a une viscéralité tout à fait distincte de l’expression des hommes. Je trouve fascinant cet archétype de femme libérée qui s’exprime selon ses propres codes. Même si leur corpus est extrêmement maigre, il y a depuis la Renaissance un éternel retour vers les trobaïritz. On voit en elles des femmes révolutionnaires.
Peux-tu nous parler de Lady Lightly, ton dernier album ?
J’espère que la tournée pour cet album, sorti juste avant le premier confinement, sera reportée à la saison prochaine. J’adore ce concert car on le fait avec Étienne Klein, le physicien, qui ouvre la soirée avec une introduction à la physique quantique. Je trouve une très grande poésie dans ses idées. Ensuite il y a une méditation avec l’artiste nantaise Jordane Saunal, qui compose des chansons avec des bols tibétains dans un langage inventé. Elle me donne vraiment des frissons ! Ensuite je joue mon nouvel album. Je réfléchis à comment faire vivre ce projet malgré la crise sanitaire, adapter à des jauges plus petites avec une version acoustique et allégée du spectacle.
Merci Kyrie !
Luna Baruta
Le concert de Kyrie Kristmanson enregistré au Conservatoire Massenet a été retransmis le 9 avril en livestream. Il est à (re)voir ici.